Méditation du Père Bruno de Mas Latrie, délégué aux vocations pour le diocèse de Paris
Entrer dans l’Avent avec un cœur disponible pour Dieu
Remerciements au chœur des moines de Fontgombault, Noël grégorien

Veillez
L’Avent s’ouvre par un cri : « Veillez ! » Ce n’est pas un simple mot d’ordre, c’est un appel du Christ à vivre dans la conscience du réel. Veiller, ce n’est pas seulement rester éveillé : c’est garder le cœur disponible, ne pas s’endormir dans l’habitude, ne pas laisser le monde anesthésier notre espérance. Il ne veut pas que nous soyons surpris, mais que nous soyons prêts — non par inquiétude, mais par amour. On ne veille pas parce qu’on craint la nuit, mais parce qu’on attend quelqu’un.
Jésus, dans l’Evangile de ce dimanche, compare cette attente à celle des jours de Noé : les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient — rien de mal en soi — mais ils vivaient sans voir que Dieu allait passer, ils vivaient comme si Dieu n’existait pas. Le danger, dit Jésus, c’est de vivre en somnambules, de traverser nos jours sans y chercher la trace de Dieu. Le veilleur ne sait ni l’heure ni le moment, mais il reste prêt à accueillir Celui qu’il aime.
Veiller, c’est garder les yeux ouverts sur la présence discrète du Seigneur dans le quotidien. Le veilleur connaît la nuit, il connaît la lassitude, mais il choisit de ne pas fermer les yeux. La foi du veilleur, c’est celle qui tient quand rien ne bouge, quand Dieu semble se taire.
Veiller, c’est croire que Dieu peut surgir là où on ne l’attend pas : dans une parole, une rencontre, un silence, un imprévu. Mais spirituellement, l’attente est l’espace de la fécondité : c’est le creuset où mûrit le désir de Dieu. Marie a su attendre. Joseph a attendu dans le silence. Siméon a attendu toute sa vie. Tous ont cru qu’une promesse valait la peine d’être espérée. Dans un monde pressé, où tout doit être immédiat, l’attente semble inutile, presque insupportable.
Veiller, c’est donc cultiver le désir. Comme disait Charles Péguy : « le pire, c’est d’avoir une âme endurcie par l’habitude. Sur une âme habituée, la grâce ne peut rien. Elle glisse sur elle comme l’eau sur un tissu huileux » L’Avent est ce temps où Dieu nous réapprend à attendre, à nous émerveiller.
« Dieu passe dans la vie de ceux qui ne dorment pas sur leur foi. »
Alors, en ce début d’Avent, lorsque nous allumerons la 1ère bougies de notre couronne de l’Avent, demandons cette grâce :
Seigneur, rends mon cœur éveillé, attentif à ta venue.
Apprends-moi à discerner tes passages dans la simplicité de mes jours.
Que cette veille ne soit pas une crainte, mais une espérance.
Car tu viens, Seigneur, et ton passage fait naître la lumière.