Méditation du Père Bruno de Mas Latrie, délégué aux vocations pour le diocèse de Paris
Entrer dans l’Avent avec un cœur disponible pour Dieu
Remerciements au chœur des moines de Fontgombault, Noël grégorien

Le troisième dimanche de l’Avent s’appelle le dimanche de Gaudete, le dimanche de la joie : « Réjouissez-vous ! »
Mais cette joie n’a rien d’une euphorie superficielle. C’est une joie qui naît au cœur même de l’attente, une joie qui croit à la lumière alors que tout semble encore dans la nuit.
Jean-Baptiste, du fond de sa prison, en fait l’expérience. Lui, le grand prophète, le témoin du désert, celui qui a entendu la voix du Père et désigné l’Agneau de Dieu, doute à présent : « Es-tu celui qui doit venir ? » Il est dans le lieu du non-sens, de l’enfermement, du silence de Dieu. Et pourtant, c’est là, dans la nuit du doute, que Jésus lui envoie sa réponse :
« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Autrement dit : le Royaume est déjà là, mais sous des signes humbles. La joie chrétienne, c’est cela : reconnaître l’œuvre de Dieu. Croire que Dieu agit, même quand il semble se taire. Cette joie n’est pas le fruit d’une possession, mais d’une promesse tenue. Non pas la joie bruyante des lumières et des marchés, mais la joie intérieure, discrète, ferme, qui vient de la présence de Dieu en nous. Une joie qui console, qui relève, qui rend léger ce qui était lourd. La vraie joie chrétienne ne nie pas la douleur, mais elle proclame qu’elle n’aura pas le dernier mot. Elle naît d’un cœur pauvre, ouvert, confiant.
C’est la joie d’Isaïe, qui voit le désert refleurir : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent !
C’est la joie de Marie, qui chante avant même d’avoir vu : « Mon âme exalte le Seigneur ! »
C’est la joie du croyant, qui n’attend pas que tout aille bien pour louer Dieu, mais qui se réjouit parce qu’il sait que Dieu vient.
Comme dit saint Paul : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur. Je le redis : soyez dans la joie » (Ph 4, 4). Non pas parce que tout est facile, mais parce que le Seigneur est proche.
Le monde a besoin de témoins de cette joie : des hommes et des femmes habités par une paix que rien ne peut éteindre. Quand un cœur s’ouvre à la joie de Dieu, il devient lumière d’espérance pour le monde.
Alors, en ce dimanche de Gaudete, que cette prière monte de nos cœurs :
Seigneur, que ta joie soit ma force, même au creux de mes épreuves.
Apprends-moi à voir les signes discrets de ton Royaume.
Et fais de ma vie un chant d’espérance au milieu du monde.