Entrer dans l’Avent avec les grandes Antiennes « Ô »
Chers amis, bonjour,
« Ô Roi de l’univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur, force de l’homme pétri de limon, viens, Seigneur, viens nous sauver ! ».
Roi de l’univers
La traduction française de l’antienne de ce jour comporte ici une redondance qui est un fait de traduction. Le Christ est appelé deux fois par deux titres différents. Le premier rappelle sa puissance divine. Le Siracide célèbre cette puissance incommensurable. Nul n’en peut faire le tour : « Il tient le gouvernail du monde avec la paume de sa main, tout obéit à sa volonté, car, par sa puissance, il est roi de l’univers » (Si 18, 2). Il porte ensuite le titre de « Désiré des nations ». Cette formule qui sonne joliment en français ne se trouve pas dans la version latine. Jésus y est appelé non pas Roi de l’Univers mais Roi des nations et objet de leurs désirs, ce qui permet de le relier avec la prophétie de Jérémie où la royauté divine est célébrée comme inégalée : « Qui ne te craindrait, roi des nations, comme cela te revient ? Oui, parmi tous les sages des nations et dans tous leurs royaumes, nul n’est comme toi ». Les nations désirent ce roi parce que, dans sa miséricorde comme le chante saint Paul dans la lettre aux Romains, elles rendent gloire à Dieu : « Il est dit dans l’Écriture : Réjouissez-vous, nations, avec son peuple ! Et encore : Louez le Seigneur, toutes les nations ; que tous les peuples chantent sa louange. À son tour, Isaïe déclare : Il paraîtra, le rejeton de Jessé, celui qui se lève pour commander aux nations ; en lui les nations mettront leur espérance. » (Rm 15, 10-12). C’est en effet, lui, le Christ que les nations recherchent comme les mages qui cherchent l’astre dans la nuit pour venir l’adorer.
Pierre angulaire
L’antienne se poursuit en célébrant la pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur. Dans ses visions le prophète Isaïe voyait la puissance de Dieu établir dans Sion c’est-à-dire Jérusalem humilié une pierre, « pierre à toute épreuve, choisie pour être une pierre d’angle, une véritable pierre de fondement ». Et il ajoute « Celui qui croit ne s’inquiétera pas.» (Is 28, 16). Cette pierre de fondation, rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre d’angle est l’image du Christ, rejeté par les hommes et élevé par Dieu. Jésus utilise souvent l’image dans les évangiles pour parler de son mystère pascal. Elle est reprise dans la prédication des apôtres après la Pentecôte et dans la première lettre de Pierre. Jésus est la pierre d’angle parce que c’est sur lui que repose l’édifice nouveau, le Temple nouveau du Seigneur annoncé par le prophète Ezéchiel et réalisé par Jésus. Il réunit en lui l’humanité restaurée. En lui, écrit saint Paul aux Galates, «il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 4, 28).
Formé de limon
A Noël, nous célébrons la venue du Christ, Roi de l’Univers et Roi des nations. Il est venu pour tous les hommes, Juifs et païens. Nous pouvons particulièrement porter cette semaine dans nos prières tous ceux qui n’ont pas le bonheur de le connaître explicitement. Il est aussi leur roi, il parle à leur cœur et pour eux aussi, il est venu prendre chair humaine.