Chers amis bonjour,
Au cours de la messe chrismale, qui précède de peu et parfois ouvre la célébration du Triduum pascal, l’évêque bénit les huiles saintes et consacre le Saint Chrême. Lors de cette célébration, les prêtres ont l’occasion de renouveler leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité. Demain jeudi, les prêtres célébreront dans la joie, avec l’institution de l’eucharistie, celle de leur sacerdoce ministériel.
C’est d’abord l’occasion de ne pas oublier de prier, nous qui suivons une retraite proposée par l’Œuvre des vocations, pour que de nombreux jeunes répondent à l’appel que le Seigneur leur envoie. Ne négligeons pas cette prière. Demandons sans relâche que des ouvriers se lèvent pour la moisson.
La messe chrismale et le Jeudi saint sont aussi l’occasion de prier pour les prêtres. Prier pour qu’ils soient heureux dans leur ministère. Prier pour qu’ils portent du fruit. Prier aussi pour que le Seigneur leur donne la grâce à sa manière, et non pas forcément selon ce qu’ils demandent. A la messe chrismale d’il y a deux ans, le pape François racontait qu’à une période de sa vie de prêtre où il se trouvait dans un « moment obscur », il avait demandé à une religieuse âgée à qui il venait de prêcher les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, de prier pour lui : « priez pour moi parce que j’ai besoin d’une grâce ». Après avoir fait silence, raconte le pape, la religieuse « a attendu un long moment, comme si elle priait, et après elle [l]’a regardé et elle [lui] a dit ceci : “Certainement que le Seigneur vous donnera la grâce, mais ne vous y trompez pas : il la donnera à sa manière divine”. Prier pour les prêtres c’est se souvenir que pour eux aussi Dieu donne toujours ce que nous demandons mais le fait à sa manière divine.
Prier pour les prêtres c’est aussi demander qu’ils ne succombent pas à l’idolâtrie. Lors de la messe chrismale de l’an dernier, le pape François en pointait trois formes :
- La mondanité spirituelle, c’est-à-dire « une proposition de vie, une culture, une culture de l’éphémère, une culture de l’apparence, une culture du maquillage. » « Son critère, poursuit le pape, est le triomphalisme, un triomphalisme sans la Croix ».
- La deuxième idolâtrie contre laquelle François met en garde les prêtres est celle du « primat au pragmatisme des chiffres », « cet amour des statistiques qui efface toute dimension personnelle dans la discussion ». Dans cet amour des chiffres, dit le pape, le prêtre se cherche en fait lui-même et prend plaisir au contrôle que lui procure cette logique.
- La troisième idolâtrie qui peut guetter le prêtre, rappelle le pape, est celle du fonctionnalisme, qui consiste à placer sa joie dans l’efficacité des programmes mis en œuvre. Cette forme d’idolâtrie empêche de « se réjouir des grâces que l’Esprit répand sur son peuple, desquelles [le prêtre] pourrait aussi se “nourrir” comme un ouvrier qui gagne son salaire ».
Inutile de chercher par quelle forme d’idolâtrie tel ou tel prêtre que nous connaissons est tenté. Mais il est utile, en revanche, de prier pour le bonheur, la joie, la fécondité, la sainteté des prêtres. Merci, chers amis, de le faire tout particulièrement ces jours-ci. C’est infiniment précieux pour eux.
Je vous souhaite une très bonne journée.