Retraite de carême de Mgr Emmanuel Tois
Viens à notre secours, Seigneur notre Dieu : accorde-nous de marcher avec joie dans la charité de ton Fils qui a aimé le monde jusqu’à donner pour lui sa vie.
Chers amis bonjour,
Marcher dans la charité du Christ, et le faire avec joie. Mais qu’est-ce que la charité, déjà évoquée cette semaine à propos de la première préface du Carême, qu’est-ce que l’amour ?
Dans sa toute première – et très profonde encyclique – le pape Benoît XVI, rappelant l’ambiguïté du mot amour, en expliquait un premier sens, né de la manière dont la Grèce antique avait nommé l’attirance entre l’homme et la femme, indépendante de la volonté ou de la pensée : l’eros.
Il rappelait ensuite le terme de philia, amour d’amitié, dont il expliquait qu’il est utilisé par saint Jean pour exprimer le rapport entre Jésus et ses disciples.
Mais entrant dans le cœur du sujet de son encyclique, Benoît XVI approfondissait surtout l’amour agapè, la caritas. « En opposition à l’amour indéterminé et encore en recherche, écrivait-il, ce terme exprime l’expérience de l’amour, qui devient alors une véritable découverte de l’autre ». Benoît XVI expliquait ensuite que l’amour d’agapè est « soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé : il devient renoncement, il est prêt au sacrifice, il le recherche même ».
Renoncement et sacrifice, telle est bien la vie du Dieu fait homme, du Seigneur incarné, c’est-à-dire de Jésus, Verbe fait chair. Il est l’Agneau de Dieu, nous rappellera dans un instant le choral.
Dieu a pris la condition humaine pour en vivre la découverte profonde. C’est en cela qu’il est amour.
Et c’est la voie de cet amour, renoncement et sacrifice, qui nous est proposée en Carême. Renoncement et sacrifice pour vivre une vraie rencontre avec l’autre. Dans le concret de nos vies, faisons si vous le voulez l’expérience du lien entre le renoncement, l’effort de sacrifice, et la qualité de notre relation à l’autre. Constatons à quel point nous rencontrons d’autant mieux l’autre que nous avons déployé d’efforts, non utilisés à autre chose, pour vivre la rencontre.
Oui, marchons avec joie dans la charité du Christ. Il est l’Agneau de Dieu, celui qui donne sa vie.
Que Dieu vous garde sur sa route.
Jean-Sébastien Bach, choral de Carême de l’Orgelbüchlein, BWV 619 : Christe, du Lamm Gottes, chant et orgue.