Père Bruno Repellin : Je n’aimais pas l’école et j’ai un Bac +11

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Pour Bruno Repellin, l’engagement vers la connaissance de Dieu et vers le sacerdoce s’est présenté comme une évidence après un parcours professionnel construit et très concret. Il n’a pas eu peur de répondre au Seigneur, il a osé dire « oui » et il nous raconte ses débuts comme vicaire à Notre-Dame de l’Assomption à Eaubonne (95).

Père Bruno Repellin : Je n’aimais pas l’école et j’ai un Bac +11
Père Bruno Repellin : Je n’aimais pas l’école et j’ai un Bac +11

Quel a été votre parcours scolaire ?

Père Bruno Repellin : J’ai effectué toute ma scolarité dans le Val d’Oise. Ensuite je me suis dirigé vers une section technique parce que c’était concret pour moi ! Je me suis très vite émerveillé du génie de l’homme en mécanique, jusqu’à obtenir mon diplôme d’ingénieur.

J’ai travaillé chez Messier Dowty, chez Renault et à la Snecma, où j’ai participé à différents chantiers comme la réalisation de trains d’atterrissage ou de façades avant de voitures. J’ai aussi effectué des essais de moteurs d’avions. Mon métier ne faisait que m’occuper huit heures par jour. Il manquait quelque chose qui donne du sens à mon existence.

Quel était votre environnement familial ?

Père Bruno Repellin : Je suis le quatrième d’une famille chrétienne avec un frère et trois sœurs. Ma famille est très nombreuse et unie. Mes parents m’ont transmis la foi et l’amour de l’Église telle qu’elle est avec ses beautés et ses imperfections. C’est une grâce !

Quand et comment avez-vous su que vous souhaitiez devenir prêtre ?

Père Bruno Repellin : Lors de ma période de scoutisme, mon père spi m’a proposé une retraite de saint Ignace et, lors de la relecture de ma vie, je me suis rendu compte que la joie était présente à deux moments : lors de la prière et lorsque j’apportais de l’aide aux autres.

En 2011, alors que je travaillais, je m’interrogeais souvent sur le sens de la vie et je me suis rendu compte que la mienne n’était donnée à personne. Le Seigneur m’a posé la question à travers l’oraison et j’ai d’abord répondu “non”. Puis j’ai tenté de m’occuper en réalisant beaucoup de choses et en pratiquant du ski, du bateau… mais je n’étais pas rassasié et c’est alors que j’ai pris la décision de m’engager dans le sacerdoce.

Père Bruno Repellin : Il manquait quelque chose qui donne du sens à mon existence.
Père Bruno Repellin : Il manquait quelque chose qui donne du sens à mon existence.

Concrètement, qu’est-ce que vous avez fait ?

Père Bruno Repellin : J’ai annoncé ma démission, et j’ai passé des mois à répondre aux questions de mes collègues curieux de comprendre. Certains me livraient quelque chose de leur expérience spirituelle, d’autres étaient inquiets de mon futur mode de vie. Et le dernier jour, une personne me dit sous le sceau de la confidence : « Tu sais, moi j’ai été servant de messe ! » (Silence)

Ensuite j’ai vidé mon appartement que je n’avais pas fini d’aménager et j’ai constaté que mon salaire allait être divisé par dix !!

Comment a réagi votre entourage lorsque vous vous êtes engagé dans cette voie ?

Père Bruno Repellin : Ma famille l’a très bien accueilli et c’est une grâce ! Elle m’a accompagné avec bienveillance et patience. Le temps du séminaire est long mais nécessaire pour que ma famille aussi chemine et mature ma décision. Mes amis, quant à eux, étaient ravis.

Et vos années de séminaire…

Père Bruno Repellin : J’ai effectué mon année de propédeutique à Madeleine Delbrêl et intégré le séminaire de Saint- Sulpice à Issy-les-Moulineaux. Après les deux années de philosophie, j’ai eu un déclic qui m’a permis de mieux apprécier les enseignements donnés. Dans cette approche intellectuelle, je me suis mis à mieux connaître le Christ.

La formation que vous recevez est spirituelle, intellectuelle et humaine. Est-elle suffisamment complète pour préparer le cœur d’un prêtre ?

Père Bruno Repellin : Elle ne nous prédispose pas à être des managers, des gestionnaires ou des communicants – même si nous avons des modules spécifiques sur ces thématiques – mais à devenir des prêtres prêts pour la mission d’accueillir toute personne et l’aider à connaître Dieu. L’enseignement que nous recevons en petit groupe (25 personnes maximum par classe) favorise la bonne transmission par les professeurs d’université qui dispensent un véritable enseignement de qualité.

Quelle empreinte gardez-vous de votre ordination ?

Père Bruno Repellin : Je retiens l’engouement fort du diocèse pour la préparation de la célébration. De manière très personnelle, j’ai trouvé que l’accolade avec les autres prêtres représentait la fraternité et l’unité presbytérale en vérité, puisque ce moment se fait face à face, les yeux dans les yeux, alors que lors de l’imposition des mains, on ne voit que les chaussures !!

Comment se sont déroulées vos vacances après votre ordination sacerdotale de juin ?

Père Bruno Repellin : Elles ne se sont pas déroulées comme prévu. Comme jeunes prêtres, nous sommes très attendus dans nos premières messes. Rapidement j’ai célébré chez les Bénédictines d’Autun ; c’était impressionnant de célébrer devant celles que je connaissais depuis 32 ans, mais l’émotion ne m’a pas submergé… la grâce, là encore ! Finalement j’ai passé mes vacances en Bretagne, en famille, en prêtant main forte au prêtre local.

Vivez-vous en fraternité au presbytère ?

Père Bruno Repellin : Oui, vivent ici le curé d’Eaubonne et des prêtres étudiants ; l’un d’eux vient du Bénin, il vient d’arriver dans les lieux comme moi depuis 48h. Je n’ai pas encore déballé mes cartons et pas encore véritablement installé ma chambre et mon bureau. Il y aura beaucoup de travaux de réaménagement pour faire de ce presbytère un lieu de vie ouvert et accueillant. Je voudrais pourvoir recevoir des équipes, des amis, ma famille… Je suis très attaché au fait d’accueillir chez nous !

Père Bruno Repellin : Je suis très attaché au fait d’accueillir !
Père Bruno Repellin : Je suis très attaché au fait d’accueillir !

On dit que le département du Val d’Oise conjugue les paradoxes : à la fois riche et pauvre, rural et urbain, proche et loin de Paris. Il est multi-ethnique et multi-religieux… Dans ce contexte, comment annoncer l’Évangile ?

Père Bruno Repellin : L’avantage c’est qu’il y a une religiosité, c’est-à-dire que la population a une activité religieuse. L’inconvénient c’est qu’il y a aussi de nombreux cadres d’entreprise qui gagnent correctement leur vie et qui pensent pouvoir se passer de Dieu ! Notre défi c’est d’entrer chez les gens ; c’est le charisme que doit avoir le prêtre !

Comment votre mission va-t-elle s’organiser à Eaubonne entre 7 clochers et 4 communes ?

Père Bruno Repellin : Je souhaiterais aller sur les lieux où vivent les gens : travail, école, sport, associations, quartiers… Je me sens à l’aise dans la diversité aussi bien à Pontoise qu’à Argenteuil ou Sarcelles ! Je vais m’investir auprès des jeunes, notamment auprès des scouts, auprès des aumôneries de collège et lycées publics et privés, et auprès des servants de messe. Je pense être à ma place dans cette mission auprès de la jeunesse puisque j’ai été moi-même chef scout.

On dit que le prêtre est configuré au Christ. Quelles qualités sont requises pour s’engager dans le sacerdoce ?

Père Bruno Repellin : C’est le temps du séminaire qui amorce cette configuration au Christ. C’est pour cela qu’il est un temps long parce que la configuration exige notre conversion. Au cours de notre vie, cette configuration se creusera et prendra certainement des formes différentes…

Pour s’engager dans le sacerdoce, je dirais qu’il faut une bonne dose de disponibilité, être à l’écoute, avoir une capacité de recul, aimer les autres et surtout la prière ! Dans une journée dite normale, jusqu’à trois heures peuvent être consacrées à la prière. Le prêtre, c’est l’homme de prière au service des autres.

Sanctifier, qu’est-ce que cela signifie ?

Père Bruno Repellin : C’est attirer à Dieu ! C’est faire grandir Dieu chez l’autre et lui faire découvrir que Dieu l’attend.

Père Bruno Repellin : Je souhaiterais aller sur les lieux où vivent les gens : travail, école, sport, associations, quartiers…
Père Bruno Repellin : Je souhaiterais aller sur les lieux où vivent les gens : travail, école, sport, associations, quartiers…

Certains pensent que le prêtre est solitaire ; que répondez-vous ?

Père Bruno Repellin : Non, au contraire, nous rencontrons des gens tout le temps. D’ailleurs nous sommes plusieurs à vivre dans une maison paroissiale et cela peut être compliqué quelque fois de trouver des temps de solitude pour l’oraison. Nous sommes prêtres pour les autres. Je pense que c’est le célibat qui renvoie à cette image totalement fausse.

Selon vous, qu’est-ce qui explique la crise des vocations ?

Père Bruno Repellin : C’est une crise plus générale de l’engagement au sens plus large ! Je n’ai pas d’explication à la crise, mais elle nous remet en cause. Nous les prêtres, ne devrions-nous pas davantage montrer l’exemple, et témoigner que nous sommes heureux ! Le défi est d’être des témoins de la joie à servir ! Il faut accepter d’être bousculé.

Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question de la vocation ?

Père Bruno Repellin : N’ai pas peur ! Ose ! Le Seigneur rend heureux… Ça va être long, mais ne laisse pas cette question de côté. Parles-en avec un prêtre que tu connais ou de manière plus anonyme avec le service des vocations de ton diocèse. Tu seras aidé pour franchir les étapes…

En Val d’Oise, 42 % de la population a moins de 30 ans. Pensez-vous utiliser les réseaux sociaux et internet comme des nouveaux presbytères ?

Père Bruno Repellin : Personnellement je ne fais pas usage des réseaux sociaux ; je suis convaincu que c’est un canal utile et nécessaire mais moi je ne sais pas faire…

Interview réalisée par Sophie Mattei pour le magazine Vocations N°202

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