« Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? »

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Dieu ne cesse d’être présent et d’agir dans l’Histoire. Par ses appels, Il permet aux hommes de participer à son dessein d’amour sur le monde : « Qui enverrai-je, qui sera notre messager ? » Le prophète répond : « Moi je serai ton messager, envoie-moi ! » (Is 6, 8).

Une initiative de Dieu

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Vous avez entendu tout à l’heure le prophète Isaïe : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » (Isaïe 6, 8). Cette question posée par le Seigneur lui-même n’est pas une question simplement rhétorique, – comme s’il savait bien déjà qui il va envoyer puisqu’il l’a préparé en purifiant ses lèvres. C’est une question réelle. 0serais-je vous le dire ? Cette question réelle est la question quotidienne d’un archevêque ou d’un évêque, car notre préoccupation de chaque jour est celle-ci : qui enverrai-je être témoin de l’Évangile dans tous les domaines de notre société, dans tous les types d’activités, dans tous les états de vie, dans tous les âges de la société ? Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ?

Cette question doit devenir non seulement la préoccupation quotidienne d’un évêque, mais la préoccupation quotidienne de chaque communauté chrétienne : qui pouvons-nous envoyer pour être les messagers de l’Évangile ? Non pas : qui se sent poussé à devenir messager de l’Évangile ? Car, en lisant la Bible, nous découvrons que beaucoup de prophètes n’avaient aucune envie de devenir les messagers de Dieu. Et l’Évangile ne nous dit pas que Simon ou André ou Jacques ou que Jean attendaient impatiemment sur le bord du lac que Jésus vienne enfin les appeler. C’est l’initiative de Dieu qui suscite des messagers : c’est lui qui a purifié les lèvres du prophète par la main de l’Ange pour lui permettre de devenir son messager, c’est lui qui a donné aux premiers disciples le signe de la pêche miraculeuse pour qu’ils comprennent, ou plutôt qu’ils croient comprendre, – à ce moment-là c’est déjà beaucoup -, pour qu’ils croient comprendre que l’œuvre à laquelle ils sont appelés, la mission qui va leur être confiée, est une mission divine. C’est Dieu lui-même qui va agir, et c’est pourquoi l’évangile selon saint Luc nous montre Pierre qui tombe aux pieds de Jésus, confondu : « Éloigne-toi de moi car je suis un homme pécheur ! » Ce n’est pas qu’il se considérait plus inapte ou plus mauvais que les autres, mais parce qu’il prend conscience que cette pêche miraculeuse est un signe de l’intervention de Dieu lui-même. La rencontre de Jésus et de Pierre se passe sur le fond de cette intervention de Dieu, comme c’est l’intervention de l’Ange qui fait le fond de la vision du prophète Isaïe : l’ange vient purifier les lèvres impures pour qu’elles puissent annoncer la Parole de Dieu, le Christ intervient pour susciter une pêche inespérée qui manifeste la puissance de la Parole de Dieu. C’est sur le fond des ces interventions premières de Dieu dans l’histoire des hommes que s’éveille la possibilité d’un appel et d’un envoi en mission.

« Sois sans crainte »

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Ici, dans l’évangile que nous avons entendu, l’appel des premiers disciples est un appel radical : il les invite, il les entraîne à tout abandonner pour annoncer l’Évangile. Eh bien, écoutez : s’il y en a parmi vous qui pensent entendre qu’ils sont invités à tout abandonner pour annoncer l’Évangile, qu’ils ne se fassent pas de faux scrupules, qu’ils répondent sans crainte ! Il y en a forcément ! Combien ? Je ne sais pas. Lesquels ? Je ne sais pas, et vous non plus heureusement. Mais ce que je sais, c’est qu’il y en a parmi vous qui sont un peu dans l’état d’esprit de Pierre : ils ont vu de leurs yeux que Dieu pouvait changer quelque chose dans le monde, ils l’ont vu dans différentes circonstances, ils l’ont vu dans leur vie, ils l’ont vu dans leur école, ils l’ont vu dans leur communauté étudiante, ils l’ont vu dans ce rassemblement national. Ils ont vu que , là où tout le monde pensait qu’il ne pouvait rien sortir, que l’on pouvait passer des jours et des nuits à essayer de trouver la bonne formule pour aller au devant des uns et des autres sans y arriver, à essayer de fonder, de refonder et de refonder à nouveau une communauté qui sans cesse se disperse -ceci par définition : sauf si certains parmi vous avaient décidé de rester étudiants à perpétuité, les communautés d’étudiants sont nécessairement des communautés qui se dispersent à la fin des études. Chaque année donc, il faut recommencer, découvrir ceux qui arrivent, et parmi ceux et celles qui arrivent ceux qui peuvent être chrétiens, ceux qui peuvent être intéressés par des questions de vie humaine, de réflexion, de partage et d’échange… Chaque fois il faut recommencer à zéro et, chaque fois, on se dit : On ne va pas les trouver, on ne va pas y arriver, mais, « mais sur ta Parole je vais jeter les filets », une fois de plus. Et une fois de plus je vais découvrir que là où je pensais qu’il n’y avait rien, il y avait quelque chose, là où je pensais qu’il n’y aurait personne, quelqu’un est venu, là où je pensais que le message ne passerait pas, il est passé quand même et il a même intéressé quelqu’un.

Alors, moi aussi je tombe à genoux et je dis : « Seigneur, je suis un pécheur » pas parce que je fais beaucoup de choses mauvaises, même si cela peut m’arriver, mais je suis un pécheur parce que je ne crois pas que tu peux faire surgir des enfants à partir des pierres du chemin. Je n’ai pas la foi, voilà pourquoi je suis un pécheur. « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ».

Alors, s’il en est parmi vous qui ont éprouvé ce sentiment de confusion devant la prodigieuse richesse de la force de la Parole de Dieu, s’il y en a parmi vous qui se disent : « J’ai été incrédule… Seigneur, éloigne-toi de moi. J’ai été incrédule, je n’ai pas cru qu’ils viendraient, je n’ai pas cru qu’ils se lèveraient, je n’ai pas cru qu’ils seraient capable de changer quelque chose de leur vie habituelle », eh bien ! Qu’ils soient sans crainte : Dieu peut les entraîner pour qu’ils deviennent des messagers de sa bonne nouvelle, témoins de l’Évangile, artisans de la paix et de l’amour.

Tout quitter pour la joie

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Ce peut être en quittant tout – je sais bien que ce n’est pas le moment de vous suggérer de tout quitter puisque vous êtes en train de suer sang et eau pour construire quelque chose qui puisse durer plusieurs dizaines d’années, mais vous savez, tout quitter, c’est tout quitter. Vous connaissez dans l’Évangile cet homme riche qui s’en alla tout triste parce qu’il avait de grands biens. Je ne voudrais pas qu’il y en ait parmi vous qui repartent tout tristes parce qu’ils n’ont pas eu le courage de tout quitter. Et puis il y en a d’autres, toujours parmi vous, qui sont appelés aussi et envoyés aussi comme messagers sans avoir pour autant à tout quitter. Pourtant, c’est toujours en quittant quelque chose : que doivent-ils quitter s’ils ne quittent pas leur métier, s’ils ne renoncent pas à fonder une famille… Que vont-ils quitter ? Ils vont quitter l’illusion que le changement du monde repose entre leurs mains. D’une certaine façon, ce sera aussi tout quitter qu’accepter que la révolution du monde soit la révolution de l’amour, que la puissance de transformation de l’univers soit la Parole de Dieu, que seul celui qui met sa foi dans le Seigneur puisse vraiment servir l’humanité.

Alors, soyez dans la joie, non seulement parce que vous venez de vivre un peu plus de 24 heures tout à fait stimulantes, mais soyez dans la joie parce que, peut-être restés sur la berge, sur la rive, peut-être parmi les privilégiés qui étaient dans la barque, en tout cas vous avez vu, vous avez entendu, vous avez touché de vos mains la puissance de la Parole de Dieu. Vous savez qu’Il peut faire quelque chose.

Mais qui enverrai-je ? Quels hommes et quelles femmes vais-je pouvoir envoyer dans le XXIème siècle pour construire une société plus juste et plus humaine ? Quels hommes et quelles femmes vais-je pouvoir envoyer pour que la foi soit transmise aux générations qui viennent ? Quels hommes et quelles femmes vais-je pouvoir appeler pour donner dans notre monde le témoignage d’un amour fidèle, dans le don total de soi l’un à l’autre, dans le mariage définitif ? Qui pourrai-je envoyer pour montrer que l’on peut être un acteur de l’histoire des hommes, un entrepreneur de la vie sociale et cependant quelqu’un d’honnête et de désintéressé ? Qui vais-je pouvoir envoyer qui acceptera de renoncer aux commodités habituelles de l’existence pour se mettre au service des autres ?

Cette question, je vous la confie, je la confie à Dieu, et je vous dis ma certitude et mon espérance. Parmi vous, beaucoup ont été touchés par un feu ardent, qui ouvre leur langue et leur bouche, et beaucoup deviendront ou redeviendront des témoins du Christ, de meilleurs témoins du Christ.

Extraits de l’homélie lors de la messe d’envoi du rassemblement national de « Chrétiens en Grande Ecole », le 4 février 2007 à Notre-Dame de Paris

Être appelé à quoi ?

« Le Seigneur appelle. Il appelle chacun de ceux qu’Il veut voir devenir prêtres. Peut-être y a-t-il ici plusieurs jeunes qui ont entendu cet appel dans leur cœur, l’envie de devenir prêtres, l’envie de servir les autres dans les choses qui viennent de Dieu, l’envie d’être toute leur vie au service pour catéchiser, baptiser, pardonner, célébrer l’Eucharistie, soigner les malades… 

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