Père Benoit Aubert, un homme de communion

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Né en 1973, il est prêtre du diocèse de Paris et a été ordonné en 2006. Il a effectué son ministère essentiellement en région parisienne : d’abord dans le diocèse de Saint-Denis en France à Villemomble et Aubervilliers, et aujourd’hui à Dourdan dans le diocèse d’Évry. Entre les deux, il a été secrétaire de l’archevêque de Paris et aumônier d’étudiants.

Quel est votre ministère ?

Depuis le 1er septembre 2022, je suis responsable du secteur de Dourdan qui comprend deux petites villes, Dourdan et Saint-Chéron, et quinze villages. Nous sommes quatre prêtres – trois curés in solidum et un prêtre « en lien » -, trois diacres ainsi que cinq laïcs, tous membres de l’équipe pastorale de secteur.


Comment définissez-vous votre mission ?

Je découvre une réalité nouvelle. Aubervilliers était marquée par la diversité culturelle et une grande mobilité : tous les cinq ans, environ 50 % des habitants du département étaient renouvelés.
À Dourdan, au contraire, les paroissiens sont très stables. Ici, la diversité tient moins à l’origine ethnique des gens qu’à leur sensibilité ecclésiale, leurs différentes manières de vivre la foi. Un des enjeux essentiels de ma mission est de favoriser la communion : communion des personnes, des villes et des villages, des communautés, des chrétiens avec ceux qui ne fréquentent pas l’Église. Cette communion est finalement une dimension importante de la vocation de l’Église.

Echange avec les séminaristes


Comment travaillez-vous à la communion ?

D’abord je suis attentif à toutes les propositions qui sont faites par le secteur, quelle que soit la sensibilité exprimée ; j’essaye de participer à tout ce qui se vit. Mon souhait est de montrer qu’il y a plusieurs manières de vivre sa foi, que la mienne n’est pas meilleure que celle de l’autre. C’est difficile car ce que chacun vit devient vite la norme de la foi, la manière de faire. Or il ne peut y avoir d’exclusivité dans l’Église : chaque chemin a un pouvoir d’attraction où l’on peut découvrir la présence du Christ qui est à l’œuvre.

Quels sont les lieux de communion ?

Le premier et principal lieu devrait être l’eucharistie ; il l’est d’une certaine manière mais les différentes sensibilités liturgiques peuvent conduire à certaines crispations qui nuisent in fine à la communion de la communauté. La multiplicité des messes ne permet pas non plus de la réaliser pleinement. Les lieux qui rassemblent le plus sont liés à la fête ou à la solidarité : la kermesse, par exemple, mobilise beaucoup de monde et il n’est jamais trop difficile de trouver des personnes pour servir les plus pauvres. La parole de Dieu est également un lieu d’échange de de communion. Enfin il y a aussi ce qu’on appelle les « tiers-lieux »,
qui accueillent au-delà des premiers cercles de fidèles.

La synodalité favorise-t-elle la communion ?

Oui, récemment nous avons vécu un vrai et beau moment de communion. Pour décider ensemble d’un projet pastoral, nous avons fait un sondage et avons reçu 140 réponses. Nous demandions aux fidèles de choisir les thèmes diocésains à privilégier dans notre secteur. Trois sont ressortis : la jeunesse, la solidarité et la vie spirituelle. Le 13 octobre dernier, nous étions soixante-dix environ pour nous écouter sur ces questions. L’objectif était de vivre la conversation dans l’Esprit, selon la méthode mise en œuvre lors du récent synode à Rome, pour accueillir la parole de l’autre, même quand elle dérange, en vue de se laisser déplacer. Choisir de commencer par écouter plutôt que de défendre son point de vue. C’était un très beau moment de communion paroissiale.


Comment un prêtre du diocèse de Paris se retrouve-t-il en dehors de son diocèse ? Est-ce un choix ?

Non, la seule chose que j’ai demandée à mon évêque était la vie fraternelle et communautaire. En effet, j’en avais l’expérience dans ma jeunesse par le scoutisme, le rugby et le pensionnat ; j’ai apprécié cette dimension au séminaire et je souhaitais poursuivre ce mode de vie comme prêtre. Lorsqu’une équipe s’entend bien et travaille ensemble, cela porte du fruit pour la paroisse ; c’est un beau témoignage, la mise en pratique du commandement du Seigneur : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35) Or ce mode de vie était celui des Fraternités Missionnaires des Prêtres pour la Ville (FMPV). Ainsi j’ai été envoyé à Villemomble, puis Aubervilliers. Aujourd’hui je ne suis plus dans cette fraternité mais j’aspire toujours à cette vie communautaire, en essayant de la vivre au mieux en fonction de la réalité de ma mission à Dourdan et à Notre-Dame-de-l’Ouÿe.

Kermesse et messe en plein air


Qu’est-ce qui nourrit votre vie de prêtre ?

Le ministère de l’écoute, que ce soit dans des confessions ou de manière plus informelle, est une grâce qui fait de nous le témoin privilégié de ce que Dieu fait dans le cœur de l’homme. Cette grâce, je la découvre aussi chez moi. Par exemple, je suis émerveillé de la fidélité de Dieu. J’ai bien conscience de mes limites, de mes faiblesses, de mon péché, et pourtant chaque matin, je me réveille avec beaucoup de joie. Cette joie qui perdure, malgré mes infidélités, est la marque de l’amour de Dieu, de sa fidélité.


Quels sont les défis que vous percevez ?

Ma vision du prêtre a été marquée par la figure de saint Charles de Foucauld : « Soyez tout à tous avec un unique désir au cœur, celui de donner à tous Jésus. » En ce sens, je m’adapte à toutes les sensibilités ; je ne souhaite pas privilégier une manière de faire plutôt qu’une autre mais amener chacun à découvrir l’amour du Christ. Nous constatons que beaucoup de fidèles ne viennent plus à l’Église ; comment les rejoindre là où ils sont ? Un enjeu aujourd’hui est d’aller là où sont les gens, aux fêtes de village, dans les associations, pour leur annoncer l’Évangile qui vient sauver leur vie et non leur proposer une autre vie.

Quel est votre attachement à la Terre Sainte ?

Après mon ordination, j’ai accompagné un petit groupe avec un ami prêtre. Nous étions vingt-cinq et nous avons repris le parcours traditionnel de la BST (Bible sur le terrain) qui consiste à traverser le désert avant de filer sur la Galilée, pour enfin « monter à Jérusalem » et y vivre le mystère pascal. Lire la Bible en la commentant au fil de sa narration me correspond bien. Je ne suis ni exégète ni spécialiste de langues anciennes ou d’archéologie, mais la lecture de la Bible sur le terrain est savoureuse et puissante ; elle nous parle du Christ annoncé dans l’Ecriture et accueilli dans l’Église aujourd’hui. En Terre Sainte, les gens vivent des expériences inoubliables des retournements, de vraies rencontres. Des intuitions décisives naissent lors de ces voyages et je vois bien que je ne n’y suis pas pour grand-chose mais je me sens comme un instrument dont Dieu se sert. C’est probablement pour cela que je poursuis cette mission. Je le dois aux pères de Villefranche et Gueguen qui ont su me faire confiance.

BST (Bible sur le Terrain) en 2007


Un mot pour finir ?

Notre ministère peut nous écarteler, mais le Christ nous unifie. J’apprécie les temps de retraite qui me mettent à l’écart et me nourrissent. Je prends le temps, comme Marie, de me mettre aux pieds de Jésus et d’écouter sa Parole partout où elle se donne.

En voici une, reçue cet été, qui m’habite en ce moment : « J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : “Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ?” Et j’ai répondu : “Me voici : envoie-moi !” » (Is 6,8)

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