Père Etienne Grenet : Missionnaire dans la ville

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Au premier étage du presbytère de l’église Saint-Leu-Saint-Gilles (quartier des Halles) une effervescence missionnaire bat son plein. Le père Étienne Grenet m’accueille dans son bureau, encore imprégné de l’énergie du terrain. Il revient tout juste, avec une partie de son équipe, d’une opération de street marketing en plein cœur de Paris. L’objectif ? Faire connaître les podcasts « Dieu fait du stop » et, peut-être, semer une graine de foi au détour d’une conversation.

Pouvez-vous présenter le Pôle Mission que vous dirigez aujourd’hui ?

Créé en 2021 à la demande de Mgr Michel Aupetit, c’est un laboratoire d’expérimentation missionnaire. Nous formons les fidèles pour les équiper et les motiver à annoncer le Christ. Nous testons de nouvelles initiatives et, si elles fonctionnent, nous les déployons plus largement. Notre équipe compte environ 80 personnes – bénévoles et salariés – dont la moyenne d’âge est de 30 ans. Nos trois objectifs sont de repérer et faire connaître les initiatives missionnaires, soutenir les paroisses dans leur élan et tester de nouvelles approches.

Comment se concrétise la mission ?

La mission de rue est vraiment centrale : c’est l’annonce du Christ à des inconnus. Moi, c’est vraiment mon truc, j’en fais deux fois pa semaine ! Mais chacun peut témoigner dans son environnement quotidien : avec un collègue, sa boulangère, son médecin ou son voisin. La récurrence des rencontres peut permettre des
échanges profonds.

Quel public cherchez-vous à toucher en priorité ?

D’abord les catholiques, pour les rendre missionnaires, et ensuite les non-croyants ou peu croyants. Nous les accompagnons à travers des moments comme L’Escale (lieu de pause spirituelle pour ceux qui s’interrogent sur des questions existentielles). Puis, s’ils veulent aller plus loin, nous les intégrons dans une « Fraternité découverte », avec des dîners conviviaux où l’on regarde par exemple un extrait de The Chosen avant de d’échanger autour d’un évangile. La question du baptême peut surgir, mais l’essentiel est d’accompagner humainement.

La mission c’est aussi lorsqu’un bénévole « mouille la chemise » avec un collègue de bureau, avec un ami, pour échanger sur la présence de Dieu dans nos vies.

Qu’est-ce que l’école de vie dans l’Esprit ?

C’est une retraite d’un an sous forme de parcours spirituel intensif, avec des rencontres hebdomadaires en présentiel ou en visio. L’originalité réside dans l’intégration de la dimension charismatique et missionnaire à la vie spirituelle ordinaire. Quand on rejoint les gens, Dieu passe aussi par les charismes qu’il nous a donnés ; on n’est pas juste en train de produire un discours, mais de leur faire vivre une expérience. C’est une annonce dans la puissance de l’Esprit.

Pouvez-vous mesurer l’impact de vos actions ?

Les fruits se récoltent sur le moyen terme. Nicolas, par exemple, a été abordé en mission de rue un vendredi soir. Il a été invité à L’Escale, où il est venu plusieurs fois avant que la question du baptême commence à mûrir en lui. Il a même amené sa soeur et des amis. Paul, un collègue de travail d’un bénévole, est venu à L’Escale par hasard et a vécu une véritable transformation. Baptisé mais éloigné de la foi, il a intégré une Fraternité découverte pendant un an. Aujourd’hui, il fait partie de notre équipe et a fait du street marketing avec nous. Il prépare sa confirmation.

Un jour quelqu’un qui m’a dit : « Normalement je ne parle jamais aux gens qui m’interpellent dans la rue ; pourtant, quand vous êtes arrivé, j’ai entendu une voix intérieure qui m’a dit d’écouter ce que vous aviez à me dire. »

Quelle est votre relation personnelle à Dieu dans ce ministère ?

L’Annonce me fait expérimenter concrètement que Jésus agit et que l’Esprit Saint inspire. Parfois, on sent la présence de Dieu dans la personne en face de nous. Soit on le devine, soit il y a des choses manifestes. Honnêtement, je ne vivais pas tout à fait les choses comme ça avant. Quand on est sur la ligne du front missionnaire, on voit plus de choses de la sorte. J’ai aussi renouvelé mon rapport à la Bible : les charismes missionnaires donnent une nouvelle profondeur à la Parole. Dieu est à la manœuvre et la parole s’accomplit aujourd’hui aussi dans cette dimension charnelle. Enfin, l’aspect innovant de ce ministère est très joyeux : en cherchant ensemble des directions, on perçoit la conduite de l’Esprit Saint dans nos projets et équipes.

Vous considérez-vous comme un prêtre atypique à Paris ?

Moi non mais mon ministère l’est, et j’encourage son développement. Par exemple, un prêtre à Reims pratique une forme d’itinérance missionnaire avec son van. C’est, je pense, une voie vocationnelle et peut être une piste d’avenir audacieuse qui pourrait inspirer de nouveaux ministères et séminaristes. Ça peut être inspirant pour des jeunes, de se dire : « Ah, mais en fait, on peut être prêtre comme ça ! ».

« Quand on met les gens en mouvement sur la mission, oui, il y a de la joie qui vient. Ce qui, pour moi, permet de la résilience dans ce monde compliqué. »

Et, pour vous, comment l’appel à devenir prêtre s’est-il manifesté ?

L’appel remonte à mes 16 ans. Pourtant, j’ai poursuivi mes études en école de commerce et fait mon service militaire dans la marine à Tahiti, une expérience humaine enrichissante. J’étais accompagné par un père spirituel qui m’a encouragé à finir mes études avant d’entrer au séminaire. Ma famille ne s’y attendait pas totalement, mais ils étaient heureux et m’ont soutenu.

Quel regard portez-vous sur le presbyterium ?

Je préfère la diversité des profils à l’homogénéisation. Aujourd’hui, il faut une souplesse adaptative car le contexte évolue rapidement. Un projet ne doit pas prendre cinq ans à être construit au risque de devenir obsolète. Le pape François nous appelle à aller aux périphéries : cela suppose d’avoir des antennes pour percevoir les changements et y répondre. Une mission orientée vers l’évangélisation libère beaucoup de joie et redonne sens à notre ministère. Le relationnel et la simplicité sont essentiels : revenir à des choses simples permet de voir comment l’Écriture s’accomplit dans la vie concrète. C’est une expérience tangible de la présence de Dieu, qui guide chaque chemin de vie.

Âgé de 48 ans et originaire d’Orléans, le père Etienne Grenet est prêtre du diocèse de Paris depuis 17 ans. Passé par l’ESSEC avant d’entrer au séminaire, son ministère l’a conduit à servir dans plusieurs paroisses : Saint-Honoré-d’Eylau, Notre-Dame-de l’Arche d’Alliance, Notre-Dame-de-la-Croix-de- Ménilmontant, Notre-Dame-des-Otages et Notre-Dame-de-la-Gare. Engagé auprès des jeunes, il a été aumônier à Dauphine, impliqué dans Even et les Jeunes Pros. En parallèle, il a enseigné à la Maison Saint-Augustin ainsi qu’à la Faculté Notre-Dame des Bernardins.

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